Leernes, son nom, son origine

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Origine, Nom, Variantes, Étymologie, Limites

Marcel Foubert

Le village de Leernes était situé dans le pagus hainoensis, sur la rive gauche de la Sambre, et touchait au pagus sambrensis

Il appartenait déjà à l’abbaye de Lobbes au VIIe siècle. En 866, il y avait à Leernes (Lederna) un domaine direct de cette abbaye, avec 150 bonniers de terre arable, 3 de prés, 100 de forêt à paisson et une brasserie qui payait une livre. De ce domaine dépendaient 36 manses libres. Chacun payait 17 muids d'épeautre, 30 fusées de lin. Entre tous, ils payaient 6 sous, 2 poulets, 5 oeufs (pro hoste) et un poulet pour la forêt.

Il y avait aussi 4 manses de lides. Chacun payait 15 muids d'épeautre, 30 fusées de lin, 1 muid de houblon, 1 poulet, 5 oeufs.

17 serfs étaient attachés à la glèbe, 6 payant chacun deux deniers ; des 11 femmes, 7 payaient chacune 2 deniers.

Il y avait encore 4 petites manses serviles. Chacun payait 1muid de houblon, 1poulet, 5 oeufs.

En tout, il y avait 44 manses rapportant ensemble : en argent 33 sous, en épeautre 44 corbi et 12 muids, en lin 1200 fusées.

Cette année 886, on a recueilli..... 30 corbi d'épeautre, 300 muids d'avoine et 2 muids de farine.

Leernes figure sous le nom de Lerna-Fontanis, dans le polyptyque ou état des biens de l'abbaye de Lobbes, dressé en 868-869 par l'évêque Jean de Cambrai, sur l'ordre du roi Lothaire Il.

A cette époque et avant le XIIe siècle, Fontaine n'était qu'un hameau dépendant de Leernes, dont le nom primitif était li Erne aux fontaines ou Ernel aux fontaines, c'est-à-dire le désert, le petit désert aux fontaines.

Le territoire de Lerna-Fontanis ayant été divisé, l'une des deux parties constitua le village de li Erne, plus tard Lièrne, par suite de la réunion de l'article au substantif, et ensuite Leernes.

Cette étymologie n'est plus admise aujourd'hui. Selon plusieurs auteurs, Leernes viendrait de Lerna, abréviation du nom ancien Lederna. On rencontre, en effet, Lederne en 1069, Lerna et Lederna dans des écrits du XIe siècle, Lederna, alias Lederva, Leverda, Lerna et Lierne au XIIe siècle.

D'après C. Van der Elst, Lederna serait devenu, par contraction, Leerna et viendrait de Leder, Leer, qui signifie cuir, en tudesque. Cet auteur fait remarquer que cette interprétation ne se rapporte à rien de connu, mais qu'il a cru devoir la mentionner, parce que l'on trouve encore à Leernes, un lieu-dit nommé Hougarde, de racine tudesque, signifiant terre haute.

On ne peut préciser la date de la séparation de Leernes et de Fontaine, mais elle avait déjà été opérée lorsqu'en 1245, la paroisse de Saint-Christophe est détachée de celle de Leernes.Cette séparation donna lieu, pendant plusieurs siècles, à des contestations entre le comte de Hainaut et l'évêque de Liège au sujet de la souveraineté sur la ville de Fontaine.

Des difficultés surgirent aussi entre le chapitre de Saint­Ursmer, à Binche, et le curé de l'église de Saint-Christophe, par rapport à la dîme, de même qu'entre l'abbaye de Lobbes et le seigneur de Fontaine, relativement à la délimitation des bois, etc., des seigneuries de Leernes et de Fontaine.  

Clovis Meys, M. et Mme Richard Gobert

Des lettres du 19 octobre 1171, de Pierre, élu de Cambrai, relatives à un procès entre l'abbaye de Lobbes et Gui de Fontaine, au sujet d'un cours d'eau et de limites de bois, il résulte que le jugement fut rendu en faveur de l'abbaye, dont Gui s'obligea, avec ses descendants, à respecter les propriétés et les droits. Il reconnut aussi que tout le territoire compris entre la fontaine et la forêt de Castellion comme « à travers les bois communaux de Lerne, Fontaine, Anderlobia, Forchies », était la propriété de l'abbaye de Lobbes, de même que le territoire s'étendant du pré aux poissons jusqu'au pont Bavon, puis jusqu'à Fontenelle, au fossé Gylard et au fossé Porcina, le tout avec la forêt de Castellion et celle de Moringnies.

Dans la première partie de ce domaine, c'est-à-dire sur le territoire compris entre la fontaine et la forêt de Castellion, les habitants de Leernes pouvaient prendre le mort-bois pour leur feu et leurs bâtiments.

Quant au tonlieu, à la garde, au droit de forêt et à la justice, ils appartenaient à l'abbaye dans toute l'étendue du territoire. Si le forestier de l'abbaye constatait une contravention ou un délit, l'avoué faisait conduire, le cas échéant, à la maison de l'église, ce qui avait été saisi, et il avait le tiers de la confiscation et de l'amende.

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