Au couvent en voiture...
 

Ici, ligne après ligne, se déroule presque toute l’histoire du couvent des Sœurs de Sainte-Marie de Fontaine-l’Évêque, l’histoire de ce qui deviendra l’Institut Sainte-Marie, l’école Saint-François et la Cordée. De la rue Neuve à la rue Paul Pastur puis à la rue de l’Enseignement, la bien nommée.

Les sœurs avaient l’habitude (l’obligation… ?) de consigner dans un cahier, écrit à la plume bien sûr, les événements ordinaires et extraordinaires qui marquaient la vie de chaque jour d’une école de filles d’abord, d’une communauté chrétienne mais aussi laïque, d’une paroisse aussi.

Tout le rituel d’une école est là avec ses visites d’Inspecteurs toujours très satisfaits, ses visites médicales, ses heures passées en adoration devant le Saint Sacrement, ses congés pour la Saint-Grégoire, ses pointages de liste à l’hôtel de ville.

Mais on y rencontre aussi l’histoire, la grande : ici, on se terre dans la cave pendant les alertes, là, on a peur des robots ou on va au cinéma du Grand Léon voir les Jeux olympiques de 1948.

On va à l’école le samedi, le dimanche aussi et le jeudi, c’est congé après-midi.

Les textes sont écrits à la manière de rédactions très scolaires; on y sent le respect farouche de l’autorité — Inspecteur s’écrit toujours avec une majuscule, parfois une pointe de naïveté, souvent une forme de propagande. On compte les élèves qui communient à la messe, la cougnolle se donne à Noël et les cloches de Rome passent à Pâques : tout est réglé comme sur du papier… d’école.

Ces deux cahiers, recouverts de papier bleu intitulés fièrement Historique de l’École — 1847 à 1953, sont maintenant transformés pour être disponibles. Les voici, inédits.

Il s'agit aussi ici de rendre hommage à toutes ces femmes de foi, les Sœurs de Sainte-Marie, qui ont œuvré jour après jour pour éduquer, éduquer encore et encore.

 

Tout a commencé le 4 octobre 1847.

Ce jour-là, une diligence demandée par le doyen de Fontaine-l'Evêque va chercher deux religieuses à la gare de Marchienne.

Dans le quartier de Bœgnies, en face de l'église Saint-Vaast, se trouvait une ferme que l'on transforma en couvent. Les Sœurs de Sainte-Marie y ouvrirent des classes... communales. Elles le resteront d'ailleurs jusqu'en 1879.

L'école est partagée en deux sections, comme cela se pratique à l'époque: l'école des pauvres, en internat, et l'école des riches, en façade, pour les filles externes.

 

Jean-Pol Demoulin

Fontaine-l'Évêque, le 21 janvier 2012

 

Voici l'acte de naissance "officiel" de la fondation

extrait de quelques pages photocopiées insérées dans un des deux cahiers.
Le titre et l'auteur du livre sont inconnus.

CHAPITRE SEPTIEME

Suppression de la maison d'Houffalize

Fondation à Huy

Transfert de la maison de campagne à Suarlée

Fondations à Quiévrain, à La Bouverie, à Fontaine-l'Évêque et à Brugelette

1845-1847

Sur ces entrefaites, une personne pieuse de Fontaine-l'Évêque, désirant qu'il s'établit dans cette ville des religieuses vouées à l'enseignement, avait remis à Monsieur Blondeau, curé de Saint-Vaast, des fonds pour l’achat d’une maison convenable.

Le digne ecclésiastique ayant demandé avec instance des Sœurs de Sainte-Marie pour ouvrir ce nouvel établissement, Mère Claire accepta, et aussitôt le zélé pasteur s’occupa activement de tout ce qui pouvait assurer le succès de l'entreprise; il alla jusqu’à organiser une loterie dont le produit, qui fut de cinq mille francs, était destiné à l’achat du mobilier.

Monsieur Goret, vicaire, agit avec le même dévouement, et dans cette circonstance, et dans toutes les occasions où l’on eut recours à ses obligeants services. Enfin, Madame Ghislain-Bouly employa si utilement son influence en faveur de ce Pensionnat et déploya toujours tant de zèle pour sa prospérité, qu’elle mérite sans contredit d’être citée comme bienfaitrice. C’est cette dame qui, à l’arrivée des Sœurs désignées pour Fontaine-l’Evêque, eut l’amabilité d’envoyer sa voiture les prendre à Marchienne pour les conduire chez Monsieur le curé de Saint-Vaast, dont l'accueil fut on ne peut plus bienveillant et qui voulut célébrer une messe solennelle à l’occasion de leur installation.

Deux mois plus tard, trois Sœurs étaient dirigées par Mère Claire vers Brugelette, localité moins considérable, où les appelait spécialement l’œuvre modeste, mais si importante et si féconde, de l’instruction des enfants pauvres. Ce fut la dernière des fondations de 1847.

Le plan de la ferme avant l'installation des Sœurs

Source : Yvan Cnudde

Le cahier commence par un résumé

Fondation de la maison : 6 septembre, 1847.

Ouverture des classes (communales) : 4 octobre, 1847.

Les classes cessent d’être communales : 1879.

Ouverture d’une École ménagère : 17 septembre, 1900.

Premiers subsides de l’État à l’école primaire : octobre, 1894.

Ouverture d’une classe gardienne : octobre, 1894.

Fondation de l’École professionnelle : octobre, 1909.

Cours de la prolongation scolaire : février, 1936.

Prolongation scolaire fermée par ordre du ministère (comme toutes les autres prolongations) : en 1947.

4e degré supprimé par les sœurs : 13 septembre 1948.

4e degré ré-ouvert : 1er septembre 1951.

Une diligence de la ligne journalière Fontaine-l'Évêque
Marchienne-au-Pont pendant la guerre 1914-1918

Source : Roland Poliart

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