Le premier document connu citant le nom de Fontaine date de l'an 868 ; il s’agit du polyptyque de l’abbaye de Lobbes. Ce polyptyque consiste en un relevé général de toutes les propriétés terriennes de l'abbaye qui possédait des biens dans 174 localités. À cette époque, Fontaine et Leernes ne forment encore qu'une seule commune qui s'appelle LERNA FONTANIS (Lerne aux Fontaines).
Le mot Fontaine s’explique facilement par le nombre de sources existant sur le territoire. Le mot Lerna est moins aisé à définir ; certains auteurs le traduisent en désert ou petit désert (Lierne ou l’ernel) ; d'autres le faisant remonter au mot celte Lederna donnent la signification rivière bouillonnante. Nous présentons une troisième hypothèse qui semble serrer la vérité de plus près. Nous avons retrouvé un mot latin herna, cité dans Virgile et qui signifie pierre. La traduction serait alors pierre aux fontaines. Or à cette époque, l'article Li était couramment employé ; l'appellation devient li herna fontanis (la pierre aux fontaines). L’article et le substantif se sont soudés par la suite pour former Liherna qui, en wallon est devenu Lierne (Leernes). Une rivière traverse les deux localités et s’appelle l'Ernelle (anciennement l'Hiernel). La traduction finale deviendrait donc La pierre aux fontaines, appellation qui se justifierait car sur le territoire des deux communes la roche affleure ; dans le domaine du château, l'Ernelle coule entre deux rives verdoyantes où apparaissent, de-ci de-là, des têtes de roches. Enfin plusieurs carrières de pierre (nommée pierre de Fontaine) ont été ou sont encore exploitées à Fontaine comme à Leernes. Nous accordons donc notre préférence à la signification suivante : LERNA FONTANIS la pierre aux fontaines. C’est en 1234 que Fontaine fut démembrée de Lerna fontanis. Dès ce moment, nous avons à faire à deux communes distinctes : Leernes et Fontaine. Il est toutefois intéressant de constater que dans l'itinéraire de St Bernard, en 1146, document dont nous parlerons plus loin, le nom de Fontaine figure déjà seul et à plusieurs reprises. La dénomination actuelle Fontaine-l'Évêque fut acquise vers 1251. Le seigneur de Fontaine s'appelait alors Nicolas ; après s'être adonné au métier des armes, il embrassa l'état ecclésiastique. Il fut chanoine de Cambrai, archidiacre de Valenciennes et prévôt de Soignies; enfin, le pape Innocent IV le sacra, lui-même, évêque de Cambrai. Innocent IV C’est en souvenir de ce grand événement que le nom d'évêque fut ajouté à celui de Fontaine. LA PRÉHISTOIREIl est certain que Fontaine-l'Évêque a été un lieu de séjour et de rencontre des hommes préhistoriques ; non seulement des objets et instruments de l'âge de la pierre furent trouvés dans les communes voisines : Forchies, Goutroux, Monceau, Landelies, Montigny-le-Tilleul, mais, sur le territoire même de la ville, furent découvertes deux pièces qui accréditent cette thèse. La première consiste en une lame en silex brun foncé trouvée près de l'étang de la panneterie de Beaulieusart en 1929. Il s'agit d'un grattoir dont les retouches latérales serviraient à faciliter l’emmanchement ou à former un racloir (longueur : 10 cm environ). La seconde, trouvée l'année précédente, au boulevard du Nord à proximité des anciens remparts, est une simple lame de 20 cm dont l'utilisation est indéfinissable et dont la forme est plus ou moins triangulaire. Ces deux objets appartiennent à la société d'archéologie et de paléontologie de Charleroi. De plus, des chemins de l'âge du bronze et du fer sur notre territoire en firent un retranchement des temps primitifs. Ces voies antiques étaient :
La Croix Favresse était un carrefour assez important en ces temps éloignés ; il s'y dressait une pierre de taille grossièrement sculptée qui devait servir de soutènement à un ancien édicule païen, existant bien avant l'arrivée des missionnaires chrétiens en Gaule. Là, était adorée une divinité païenne dont on a malheureusement perdu le souvenir. A l'arrivée de Jules César en Belgique (57 av. J.-C.), notre pays était couvert d'une immense forêt impénétrable : la forêt charbonnière. Le bois de la charbonnière qui sépare Fontaine de Goutroux reste, aujourd'hui, un souvenir de cette époque. Le sol du Hainaut était occupé par trois peuplades :
Les habitants de notre territoire étaient donc Nerviens mais se trouvaient déjà en zone frontière (point capital dans l'histoire de notre ville). Le manque de documents sur cette période ne permet pas de donner des renseignements exacts, mais il est certain qu'un oppidum gaulois existait chez nous dans le bois de la charbonnière. L'ouvrage consistait en une tour circulaire dominant la vallée de l’Ernelle, dont il ne restait que les fondations aux environs de 1840. LES PÉRIODES ROMAINE ET FRANQUE Ici aussi, les documents manquent pour donner des détails sur ces époques. En 1865, furent mis à jour les vestiges d'une villa romaine à la limite de Forchies, au bord du ruisseau la Charbonnière, lors du terrassement de la rue de Roux allant vers Sart-lez-Moulin. Il y a aussi lieu de signaler la découverte des restes d'un cimetière romain en 1895 au Calvaire Mascaux. On y trouva des pièces de monnaie à l’effigie de Néron. Lors de la création du chemin de fer industriel du charbonnage de Forchies en 1856, on trouva sur le territoire de Fontaine, à quelque 600 mètres à l’ouest du puits numéro 14 à Goutroux, des sépultures franques renfermant des objets de bronze et des poteries qui furent remis au Cercle archéologique de Charleroi. A l'époque franque, il y eut une grande période de défrichement des terres. Notre cité, unie à Leernes, devint un vaste domaine agricole. En 866, elle comprenait deux sortes d'habitants : les colons libres et les serfs. Le territoire se répartissait en 100 bonniers de bois, 150 bonniers de terre arable et 6 bonniers de prairies. Les terres cultivées, dont un quart environ constituait la réserve seigneuriale, occupaient 220 paysans. Le domaine possédait encore 9 brasseries et 2 moulins.
Leernes LES PREMIERS DOCUMENTSNous avons vu dans l'étude du nom, que le premier document écrit citant notre ville date de 868, époque où Fontaine faisait partie du vaste domaine agricole de l’Abbaye de Lobbes. Le second texte de 1162, est dû à Geoffroi, abbé de Clairvaux. Son ouvrage s'intitule L’Itinéraire de St Bernard en 1146 et commente le voyage que fit St Bernard de Liège à Cambrai. Il s'arrêta notamment à Fontaine, rendit la vue à un aveugle et guérit un jeune paralytique à l'entrée de la ville. Le chemin qu'il suivit sur notre territoire prit son nom ; il allait de la rue Luton à la Place Brogniez par un sentier presque parallèle à la rue du Parc actuelle, filait dans la ville par l'esplanade et s'arrêtait rue Louis Delattre à l'actuelle pharmacie des mutualistes. Sur la place Brogniez fut édifiée une chapelle en mémoire de ce miracle ; elle possédait un petit autel où se trouvait une statue en bois, on pouvait faire le tour de la chapelle qui possédait quelques sièges pour les fidèles ; on y célébrait annuellement une messe chantée le 20 août, jour de la fête du saint. Cette chapelle, aujourd'hui disparue, existait encore en 1886 et avait été restaurée en 1848 ; elle se situait exactement le long de la voirie actuelle sur la place et au niveau du chœur du temple évangélique. Autre document : par un acte de l'an 1154, Henri II, évêque de Liège, déclare que, pour l'utilité de son église, il a acquis plusieurs châteaux notamment celui de Fontaine. Or, le château actuel remonte au XIIIe siècle ; il faut donc en conclure qu'un autre château existait avant celui que nous connaissons encore de nos jours, sans doute bâti sur le même emplacement. Dans les archives de l'abbaye de Lobbes, une notification de l'année 1251 de Nicolas, évêque de Cambrai, seigneur de Fontaine-l’Évêque et haut-voué de Gilly, rappelle que la moitié, dans les houillères de Gilly et dans tout ce qui en provient, appartient de temps immémorial à l'abbaye de Lobbes, l'autre moitié lui appartenant. La permission d'ouvrir la terre dépend du seigneur à qui il revient un certain droit. LA CHARTE DE 1212Mais la pièce la plus importante du Moyen-âge reste la charte Wauthier de 1212. C'est une véritable constitution par laquelle Wauthier, deuxième seigneur de Fontaine, règle avec ses vassaux les droits seigneuriaux, les corvées et les rapports entre les bourgeois et lui. Par cette charte, ces derniers doivent reconnaître le seigneur et lui obéir, mais seulement après que celui-ci a fait le serment de sauvegarder leurs droits et privilèges. Cette constitution fut confirmée par Baudhuin de Hennin, douzième seigneur de Fontaine en 1422 et resta en vigueur jusqu'à la Révolution française. Elle assurait aux bourgeois de notre ville la liberté individuelle, le droit de propriété, le pouvoir d'hériter, l’exemption des charges serviles et des épreuves judiciaires, elle prévoyait encore la limitation du service militaire. LES AVANTAGES POUR LES FONTAINOISLes premiers seigneurs de Fontaine, installés dans leur château construit sur la roche et entouré de deux rivières, l'Ernelle et la Babelonne, étaient bien défendus contre l'extérieur. Les manants avaient bâti leur chaumière à l’abri des murailles du château et travaillaient durant la bonne saison, sur les terres du seigneur. L'hiver, le travail manquait ; aussi avaient-ils construit une modeste forge adossée à leur logis. Toute la famille travaillait : la mère et les enfants manœuvraient le soufflet pour entretenir le feu et chauffer le fer ; le père fabriquait à la main, des clous et des chaînes. Incapable de travailler et de vendre à la fois, l'ouvrier cloutier remettait son travail à un intermédiaire qui se chargeait de la vente. Cette pratique locale prit vite de l'extension, aussi fallut-il de plus en plus de matières premières. Trop pauvre pour posséder des stocks de fer, l'ouvrier cloutier s'en remit à l'intermédiaire qui devint rapidement le patron cloutier; il fournissait la matière, payait le travail de l’ouvrier et se chargeait d’écouler les produits finis. Entre le château et le peuple se créa ainsi une classe aisée de bourgeois qui prit de plus en plus d'importance. Ce sont eux qui parvinrent à arracher au seigneur la charte de 1212. Le seigneur avait besoin d’argent, les bourgeois lui en donnaient moyennant certains avantages. Dès ce moment, c'est parmi eux que le seigneur choisit ses magistrats ; ils formèrent bientôt l'autorité communale. Cette charte de 1212 reste donc le premier acte d’affranchissement de la commune vis-à-vis du seigneur. LA PHYSIONOMIE DE FONTAINE À LA FIN DU XIIIe SIÈCLE Lorsque, en 1272, mourut l'évêque Nicolas, troisième seigneur de Fontaine, la ville avait pris la forme qu'elle devait garder jusqu'au XIXe siècle. Le château était déjà flanqué de la chapelle que nous connaissons aujourd'hui ; le plan d'ensemble des constructions affectait la forme d’un carré défendu par 7 tours ; une d’elles, de forme carrée, le donjon se dressait à droite de la porte d’entrée.
La chapelle castrale Des fortifications et des fossés larges et profonds protégeaient la ville ; les remparts (dont quelques vestiges existent encore aux boulevard du Nord et du Midi) avaient une longueur de 2.800 mètres. Ils suivaient à peu de chose près, les rues suivantes : boulevard du Nord, place des Ecoles (trieu des bois), rue de la Station, chemin de la Roquette, le gazomètre, l'usine Otlet, la rue J. Wauters, la rue du Parc l’Esplanade, le quartier latin, le boulevard du Midi, la rue de la Babelonne pour revenir au boulevard du Nord. Ces fortifications étaient percées de cinq portes appelées :
Elles aboutissaient à la place communale qui connaissait déjà son marché et ses foires. Ce marché était bien antérieur au XIIIe siècle. Il devait son origine au fait que, se situant à proximité du chemin de Liège à Cambrai fort fréquenté aux Xe et XIe siècles, il était un lieu d'échange pour les caravanes de marchands qui allaient de France en Allemagne et vice-versa. Au XIIIe siècle, les cultivateurs locaux et les vendeurs de clous se mêlèrent aux marchands ambulants. La ville fut d'ailleurs entourée de murailles pour la garantir contre les voleurs et les maraudeurs qui parcouraient le pays : ce n'est que plus tard que les remparts eurent une destination militaire. C'est sans doute à cette époque que fut ouverte la première maison de ville ; elle se situait place communale, à proximité de la petite rue du marché, probablement à l'endroit où un café installé aujourd'hui porte comme enseigne « Aux Armes de Fontaine».
Aujourd'hui, le Bellino II L'église St-Vaast existait en 1211 et s'appelait Chapelle de Boegnies. La preuve en est faite par un document de cette date signé à l'Abbaye d'Aulne par le seigneur Wauthier. Elle fut détruite, peut-être incendiée ; on la reconstruisit, mais ce ne fut qu'en 1785 qu'elle connut sa forme actuelle. L'église St-Christophe fut érigée en 1245 et entourée d'un petit cimetière dont on voit encore le tracé de nos jours. St Christophe étant le patron des voyageurs, il est probable que l'Eglise dut son origine à sa situation près d'une voie de communication importante. Contrairement à ce que l'on croit généralement l'église St-Vaast est donc plus ancienne que la paroisse St-Christophe.
Les jours de jeûnes et d'abstinence n'étant pas toujours en concordance d'un diocèse à l'autre, il en résultait que les Fontainois n'avaient qu'à traverser la grand'rue, limite des deux paroisses pour faire gras chez les voisins d’en face, lorsqu'ils ne pouvaient le faire chez eux. A l'intérieur de la ville fortifiée vivaient, en plus du seigneur et de ses gens, des bourgeois dont les principales occupations étaient le commerce, l’artisanat, les fonctions administratives et religieuses. Il existait même un atelier de sculpture réputé pour son travail « fin et délicat »; une statue en bois de cette époque peut encore être admirée aujourd’hui dans un musée de New-York. Hors des murs, de petites fermes étaient disséminées dans la campagne. Les paysans y cultivaient l'avoine, l'épeautre, le froment, le lin ; ils pratiquaient l’élevage des bovidés, des porcs, des moutons. Des brasseries et des moulins étaient installés çà et là, spécialement le long de l'Ernelle. Quant à l'industrie, elle consistait en la fabrication des clous à la main comme nous venons de le voir. FONTAINE-L'EVEQUE, VILLE FRANCHEFontaine-l'Évêque, située à la frontière des pays nerviens et aduatiques, vit cette frontière confirmée au Moven-âge. Non seulement son territoire était partagé en deux paroisses bien distinctes, l'une relevant de l'évêché de Cambrai, l'autre de celui de Liège, mais encore elle fut l'objet des convoitises politiques du Comté de Hainaut et de la Principauté de Liège. Cette position favorable permit à la ville de jouir d'une certaine indépendance durant quatre siècles ; elle n'envoyait de députés ni aux États du Hainaut, ni à ceux de Liège et se qualifiait de franche et souveraine. Le seigneur battait monnaie et exerçait la justice en son nom propre ; les habitants ne payaient l'impôt ni à l'un ni à l'autre de ces États. Cette situation eût pu être bénéfique pour la cité si, à plusieurs reprises, le seigneur n'avait montré un penchant pour le Hainaut alors que la population prenait le parti de la principauté de Liège. De là découlèrent de nombreuses occupations du territoire, des incendies et des ruines. LES ÉVÈNEMENTS POLITIQUESDéjà en 1313, Guillaume Ier le Bon, comte du Hainaut et Adolphe, évêque de Liège. avaient rédigé un mémoire par lequel ils choisissaient la ville de Fontaine-l'Évêque comme lieu de réunion des arbitres pour le cas où une contestation surgirait entre les gens des deux pays. En 1395, les bourgeois de Fontaine avaient à se plaindre du non-respect de certaines chartes et privilèges par leur seigneur Baudouin VI de Hennin qui voulait substituer à la loi de Liège celle du Hainaut ; la Cour de Fontaine, formée des notables de la ville déclara que Fontaine était du jugement des échevins de Liège quoiqu'elle eût cependant des droits et privilèges particuliers. Ces mêmes magistrats fontainois formèrent en outre une confédération avec les 13 villes de la Principauté de Liège ; celles-ci promirent « confort et assistance » à Fontaine pour lui assurer la libre jouissance de ses droits et privilèges. Mais en 1408, les 13 villes se révoltèrent contre leur prince-évêque Jean de Bavière ; elles firent appel à l'aide des bourgeois de Fontaine tandis que le seigneur soutenait l'évêque. Cela dégénéra en une véritable guerre locale entre le châtelain et ses vassaux ; les bourgeois de Fontaine brûlèrent le château tandis que les hommes du seigneur s’en prenaient à la ville : la maison communale fut vraisemblablement incendiée puisque la fameuse charte de 1212 disparut lors de cette émeute. En 1441, Baudouin VII de Hennin, nouveau seigneur de Fontaine et neveu du précédent, abandonna la politique suivie jusqu'alors par ses prédécesseurs et reconnut la souveraineté de la principauté de Liège sur Fontaine-l'Évêque afin que ses successeurs ne puissent attenter aux chartes, libertés et privilèges et n'y introduisent aucun usage du pays de Hainaut. Malgré cela, de nouvelles querelles se présentèrent dans les années qui suivirent. En 1465, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, poursuivait la constitution d'un état important dont le Hainaut ferait partie. Ses troupes furent envoyées à Fontaine pour défendre la ville contre les Liégeois ; de simples escarmouches eurent lieu, mais une garnison fut laissée dans nos murs pendant de longs mois. En 1502, suite à de nouveaux démêlés, Marguerite d'York, veuve de Charles le Téméraire, dans une sentence arbitrale, confirma les droits de la ville avec appel, en dernier ressort, aux échevins de Liège pour les causes jugées par la Cour de Fontaine. En l554, la guerre entre Henri II, roi de France et Philippe II, roi d'Espagne et souverain des Pays-Bas ramena les Français chez nous ; ils assiégèrent la ville de Binche, brûlèrent les châteaux de Mariemont et de Trazegnies. Notre ville paya également un lourd tribut : le château fut incendié ainsi que l'église St-Christophe. Avec le règne de Philippe II, le Hainaut fut soumis à la domination espagnole. Il devint un véritable champ de bataille, car la France d'une part aspirait à l'hégémonie de l'Europe, la Hollande d'autre part se soulevait sans arrêt pour se libérer de la tutelle espagnole. Pour comble de malheur, la peste, triste conséquence de la guerre, fit son apparition à Fontaine comme dans tout le pays ; elle fit de nombreuses victimes et les terres restèrent longtemps incultes, faute de bras. En 1604, quinze compagnies de Hollandais qui parcouraient le Hainaut arrivèrent à Fontaine-l’Évêque ; ils pillèrent la ville et firent des dégâts de toutes sortes ; ils firent servir l'église St-Vaast d'écurie pour leurs chevaux. En 1608, c'était le tour des soldats espagnols de tenir garnison en notre ville sous la direction de l'officier Pedro Hortado. En 1629, des religieuses résidant à Philippeville demandaient la permission d'ériger un couvent des Récollectines dans nos murs ; le Baron de Fontaine, Gabriel de Herzelles, leur donna l'autorisation. Le couvent installé au coin de la place (actuellement Don Bosco) prospéra rapidement ; les religieuses donnaient l’instruction aux jeunes filles de la noblesse du pays. La communauté se composait de 32 religieuses y compris la sœur supérieure et la sous-supérieure. Don Bosco En 1649, une supplique du père Fortemps exposait que les 2 religieux attachés aux sœurs hospitalières ne pouvaient suffire pour entendre les confessions, quoique aidés par les curés de la ville. La même année, six pères récollets vinrent s'établir à Fontaine et ouvrirent en 1653 un couvent à l'endroit où se trouve aujourd'hui l'hôtel de ville et le parc communal. Il renfermait une belle église, un collège pour les humanités et un grand jardin. Albert de Rodoan, seigneur de Fontaine, avait fourni la grosse partie du terrain nécessaire. Le parc communal En 1652, deux compagnies françaises logèrent à Fontaine à charge pour la ville de fournir le fourrage. Entre-temps, les querelles continuaient entre le Hainaut et Liège sur l'appartenance de la ville. En 1681, certains habitants s'étant adressés au Conseil de Mons, les magistrats de Fontaine s'en plaignirent au Conseil privé du Prince-Évêque qui ordonna d'agir criminellement contre les mutins. En 1693, après la bataille de Neerwinden, le maréchal de Luxembourg fit le siège de Charleroi ; l'aile gauche de l'armée française logea à Fontaine-l’Évêque ; à cette occasion, la ville fut pillée et le couvent des Récollets comme celui des Récollectines furent entièrement dévastés. Les troupes françaises tinrent garnison jusqu'en 1697, date de la paix de Rijswik qui restituait à l'Espagne plusieurs villes dont Binche et Fontaine. En abandonnant notre cité, les troupes françaises commirent de nouvelles déprédations et s'emparèrent des vivres et des fourrages des habitants. Aussi en 1698, une disette affreuse fut le lot de notre ville. Une autre en 1709 causa une misère extrême à un point tel que les curés des deux paroisses et le mambour des pauvres durent emprunter de l'argent sur les biens des pauvres pour pouvoir acheter du grain et venir en aide aux malheureux. En 1736, le seigneur imposa aux habitants à titre de corvée, la démolition d'une partie des remparts, ceux qui refusèrent de travailler durent payer une forte amende. Entre-temps, les querelles subsistaient et elles ne cessèrent pas davantage quand s'établit en Belgique la domination autrichienne. Il fallut qu'en 1757, le gouvernement des Pays-Bas, au nom de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, prit possession de notre ville pour qu'elle fût définitivement rattachée au Hainaut: Malgré les réclamations des Liégeois, l'impératrice tint bon et fit même établir des droits d’entrée et de sortie.
Le Palais de Justice vers 1920 - Plus tard, les Ets Scaillet Après avoir abandonné l'ancienne maison communale dont le beffroi s'était écroulé en 1712, on inaugura en 1751 le nouvel hôtel de ville qui existe encore aujourd’hui sous le nom de Palais de Justice. En 1768, une nouvelle disette se présenta ; pour combattre la famine, une halle aux grains fut ouverte au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville (On y voit encore les traces intérieures) et le Conseil des Finances édicta de mesures pour faire parvenir du grain à la halle de Fontaine. En 1782, un grand incendie consuma quatorze maisons dans tout le quartier de la Bouverie, en suite de quoi fut démolie la porte de la Bouverie. Du 21 décembre 1789 au 26 novembre 1790, la Belgique connut une première période d'indépendance grâce à un mouvement révolutionnaire qui proclama la déchéance de Joseph II. Ce mouvement s'étendit à notre ville ; Fontaine envoya des patriotes à la révolution brabançonne et logea des troupes belgiques. La révolution de 1790 échoua et les armées autrichiennes occupèrent de nouveau notre cité. Au carnaval de 1792, une ordonnance communale défendit de se masquer ou de se déguiser en aucune manière ; les bals publics et divertissements pouvant ameuter le public furent interdits. En cette année 1792, la République française prit l'offensive et porta ses armes dans toute l'Europe ; elle envahit le Hainaut et s’en empara après la bataille de Jemappes. Pendant la campagne de Sambre et Meuse et durant six semaines, Fontaine fut pris et repris par les Autrichiens campés à Forchies et par les Français qui occupaient le plateau de l'Espinette dominant Leernes et Landelies. C'est de l’Espinette que les troupes françaises commandées par les généraux Pichegru et Charbonnier, partirent pour aller incendier l'Abbaye d'Aulne, Lobbes et Mariemont. En 1794, les alliés austro-hollandais repoussèrent l'armée française de Marceau au-delà de la Sambre et occupèrent notre ville ; ils la perdirent peu après, mais un corps d'armée commandé par le Prince d'Orange la reprit pour la laisser quelques temps après et définitivement aux mains des Républicains. À cette occasion, on planta l'arbre de la liberté à Fontaine, le 3 thermidor de l'an 11 (21 juillet 1794) au son des cloches et des instruments de musique ; le soir, on illumina. En 1795, la ville de Thuin fut choisie comme siège d'un tribunal correctionnel ; comme elle ne disposait pas de locaux suffisants, ce tribunal fut établi à Fontaine-l'Évêque et dura jusqu'en 1798. De 1794 jusqu'en 1796, le couvent des Récollets, après avoir été occupé par les troupes hollandaises, servit de caserne à la cavalerie française ; déjà en 1795, la suppression des deux couvents avait été prononcée. Les derniers religieux quittèrent l'édifice le 31 janvier 1797. Fontaine devait encore souffrir beaucoup de l'occupation française : le domaine du château fut dévasté, les églises converties en écuries, les archives communales et paroissiales brûlées, les objets du culte emportés. Une misère terrible s'abattit sur la ville et dura toute une année. On eut recours à l’emprunt et on engagea les bois communaux pour acheter du seigle qui fut distribué aux pauvres et aux indigents. L'ÉCONOMIE LOCALEComme on le voit, pendant cinq cents ans, la ville de Fontaine-l'Évêque connut tous les maux imaginables : la guerre, la peste, l'incendie, la ruine, la famine. Et pourtant, notre population ne restait pas inactive. Une verrerie fut installée à Leernes par une famille fontainoise d’origine vénitienne. Elle y prospéra de 1438 à l559. Elle fut tellement appréciée que le 8 mars 1467, Charles le Téméraire accorda des lettres de noblesse à Maître ]ean Colnet et Colart, son fils, 4 voirriers de la voirrerie de Fontaine-l'Évêque. Charles-Quint accorda aussi des privilèges le 1er décembre l531 à Englebert de Colnet, fils de Colart, lequel avait un second fils du même nom qui continuait à faire marcher les fours à voirre, de notre ville. Fontaine-l'Évêque peut donc être considérée comme le berceau de l'industrie du verre en Belgique, industrie qui émigra par la suite vers Jumet et Lodelinsart. Dans un État de la terre de Fontaine , datant de la dernière moitié du XVIIe siècle, il est signalé l'existence de « Chaufours et Carrières , appartenant moitié à la ville, moitié au seigneur. A côté de ces entreprises, on exploita en 1731 sur notre territoire plusieurs carrières de marbre blanc veiné de rouge.
Un transport de marbre depuis la carrière Stenuick vers la gare de Fontaine-l'Évêque Quant au charbon, il était extrait depuis des siècles, à ciel ouvert. mais pour des besoins personnels. C'est le 13 octobre 1756 que nous trouvons le plus ancien acte de concession par lequel Michel Camille de Rodoan, baron de Fontaine, concède à Godefroid Thiry et Consorts, la faculté de travailler des veines de houille qui se trouvent dans le bois de la Charbonnière et terres de Fontaine. En 1764, l'industrie cloutière comptait 17 forges produisant 84000 livres de clous et et occupant 84 ouvriers. De nombreux autres métiers étaient encore exploités en ces temps, notamment la brasserie, la meunerie, la tannerie, la fabrication de chaînes, la chapellerie, la savonnerie, le filage du lin, la fabrication de tabac en carotte. Mais l'agriculture restera malgré tout et jusqu'au XIXe, la principale source de revenus des habitants ; plus de 3/4 de la superficie du sol étaient consacrés au travail de la terre et faisaient vivre près de 500 personnes. Si nous ajoutons à cela le commerce local, deux marchés par an et deux foires par an, nous aurons une idée de la réelle importance de Fontaine-l’Évêque durant de nombreux siècles. |